D'abord un hommage à la forme et à Zulma dont les livres sont si beaux, avec ses graphismes originaux et les textes toujours bien choisis, celui-là ne fait pas exception. Dans le résumé fourni par l'éditeur dans le rabat interne, on convoque Hitchcock et Mankiewicz, c'est plutôt le Raul Ruiz de Généalogie d'un crime que m'évoque ce roman d'Ingrid Thobois.
Au centre du récit, une femme mystérieuse au passé trouble. Elle s'appelle Norma-Jean et semble partager certains des troubles de son illustre homonyme.
Que lui est-il arrivée, quand encore adolescente, elle avait pour petit ami un marin ? Devenue adulte, elle est devenue professeure de philosophie, a épousé son psychanalyste et après qu'un de ses élèves a tué sa fiancée volage en plein amphithéâtre, elle part le suivre et le visite régulièrement en prison en Italie, à Sollicciano justement. Quelles sont ses motivations ? Que revit-elle avec ce jeune assassin ?
La progression de l'intrigue n'est pas linéaire, elle alterne les époques, de la jeunesse de l'héroïne à son âge adulte et multiplie les points de vue. Arrivé, le lecteur en saura un peu plus sur Norma Jean, dont le mystère restera pourtant entier. La construction du roman pourtant réussit à créer un vrai suspense, comme savent le faire les meilleurs best sellers, tout en entamant une réflexion sur la souffrance, la normalité (quand le psychanalyste se retrouve interné à Saint Anne, après avoir retrouvé son appartement vidé), l'amour (drôle de couple que celui formé par l'héroïne et son psy de mari). De très belles pages sur l'amitié entre hommes avec le personnage de Karl, meilleur ami de Jean le psychanalyste.
Une romancière à suivre et un faux polar avec vue sur les abîmes des êtres .
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