dimanche 6 juin 2010

Ce qui était perdu, Catherine O'Flynn


Un roman recommandé par Jonhattan Coe, l'auteur inégalé de Testament à l'anglaise et du Cercle fermé ? Vite je fonce d'autant qu'il est publié par Jacqueline Chambon, une vraie éditrice comme je les aime (à cet égard il faut lire à tout prix Le cercle de feu de Hans Lebert, un auteur qui a influencé le prix Nobel Jelinek). Mais revenon à Ce qui était perdu.
Kate est une pré-adolescente qui se prend pour un détective. Le livre commence par le récit de ces aventures dans ce que j'imagine être une ville moyenne de Grande Bretagne (en relisant je découvre que l'histoire se passe à Birmingham). Son grand plaisir ? Elle suit les gens, établit des rondes et aime traîner dans un méga centre commercial tout nouveau, tout neuf, avec sa peluche dans son sac.. voilà pour la première partie
Vingt ans plus tard, le même centre commercial a gagné une extension et ce que Souchon appellerait une foule sentimentale va et vient. D'autres y travaillent comme Kurt, agent de sécurité, ou Lisa, manager comme on dit maintenant dans une grande surface culturelle. L'un et l'autre vont se rencontrer et découvrir qu'ils sont liés à la disparition de la petite Kate car la petite fille disparaît.

Tout de suite, on voit ce qui a pû plaire à Jonhattan Coe dans un tel livre : une construction maîtrisée de bout en bout et qui a du sens. Car si l'auteur fait le choix de portraits fragmentés, c'est qu'elle montre l'ultra moderne solitude, toujours Souchon, telle qu'elle est. Des gens qui se côtoient et se croisent. Le héros du livre est le centre commercial qui incarne peut être mieux que tout le changement d'époque, qui est le symbole de "ce qui est perdu".
Mais là où un (mauvais) romancier produit un texte expérimental plus ou moins réussi (car les auteurs en France produisent des textes, ils n'écrivent pas) Catherine O'Flynn conserve tout ce qui fait le plaisir de la fiction : des personnages, une histoire, et, même un suspense. C'est un émouvant portrait de la middle class que dresse l'écrivain, entre rêves et consumérisme, entre besoin d'amour et solitude pathologique. Le plus réussi de ce livre est peut être son ouverture avec le récit de la vie de la jeune Kate, qui pourrait être très misérabiliste, façon écrivain engagé, et qui a quelque chose de la fraicheur de l'enfance, cet âge où tout ce qui est autour semble donné. Je ne crois avoir jamais rien lu qui restitue de façon aussi juste la voix intérieure d'un enfant.
Un seul bémol : la fin est peut être un peu trop mélodramatique. POur le récit il fallait sûrement que l'irrémédiable se produise, mais le suicide d'un personnage dans le parking du centre commercial est la seule faute de ce roman que comme Jonhattan Coe, je n'ai malheureusement pas son talent, alors je partage ses avis, que je vous recommande


Editions Jacqueline Chambon

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