dimanche 12 décembre 2010

2010, l'année où les goncourt ont raté Fabrice Humbert


On a beaucoup dit que le jury goncourt ne pouvait pas rater houellebecq cette année, obsédé par l'obscur écrivain qui l'emportât l'année ou Proust publiait je ne sais plus quelle tome de la recherche ou malraux la condition humaine. c'est le même baratin que pour les impressionnistes, le chantage à la postérité qui oblige tout le monde à vanter la première installation venue de peur d'être moqué plus tard. je prends le pari qu'on dira plus tard que les goncourt ont préféré un inconnu qui s'appelle houellebecq, oubliant au passage le grand roman de Fabrice Humber, la fortune de sila.
Car n'en déplaise aux nouveaux monsieur Omais de la critique littéraire (j'ai lu que beigbeider ou yann moix, qu'importe lequel au fond, l'un et l'autre pérorent sur le talent des autres pour mieux masquer qu'ils n'en ont pas avait écrit que "houellebecq était notre balzac, et même que balzac fut notre houellebecq". c'est dire l'état de la critique littéraire !).
la fortune de Sila avait tout pour ne pas être primé. D'abord c'est un bon livre. ensuite c'est un livre ambitieux. et pour ne rien arranger c'est un roman classique sans partouze. Rien de bling bling ni d'ostentatoire, non juste un grand roman. ou à partir d'un incident dans un palace parisien - l'agression d'un serveur noir par un homme d'affaire yankee - l'auteur décrit les nouveaux maitres du monde, du trader ambitieux à l'oligarque russe en passant par les subprimes et l'africain venu chercher refuge au nord.
C'est le contraire du roman à thèse. Pour humbert, les maîtres du monde (en fait les serviteurs du véritable maître qu'est l'argent, une histoire au moins vieille comme balzac, enfin houellebecq ou beigbeider, à moins que ce ne soit moix) sont des êtres brisés. Le propos n'est jamais manichéen. Parmi le quintet de personnages principaux, le couple formé par Mathieu et Simon est parmi les plus réussis. les deux amis, parisiens, qui connaitront l'ivresse des sommets et certaines profondeurs renouvellent le couple Lucien de Rubempré, Rastignac.
a noter aussi les très beaux personnages féminins, notamment la femme d'un entrepreneur de Floride et la femme professeur de français, femme de l'oligarque russe. une figure de la résistance de la culture face à la barbarie de l'argent roi particulièrement réussie.
Croyez moi 2010 restera l'année où les Goncourt ont raté Fabrice Humbert.

PS : cette même année, fabrice humbert a eu le renaudot du livre de poche (et oui ça existe) pour l'origine de la violence

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